Lectures

Disgrâce

9782020562331

Auteur: John Maxwell Coetzee
Éditeur: Seuil / Points
432 pages
19,30 euros / 7,20 euros
252 pages / 272 pages

La quatrième de couverture:

David Lurie, 52 ans, deux fois divorcé, enseigne à l’université du Cap. Une jeune étudiante, parmi ses nombreuses conquêtes, finit par l’accuser de harcèlement sexuel. Contraint à la démission, David se réfugie auprès de sa fille, Lucy, qui vit dans une ferme isolée. Mais les temps ont changé et sa retraite vire au drame. La bourgeoisie sud-africaine doit payer pour les crimes de l’apartheid…

 

Mon avis:

Tout comme Cassandra avec son club de lecture « Faites le tour du monde! » , j’ai envie d’explorer la littérature du monde entier et d’accéder à des auteurs qui n’auraient pas pris place dans ma PAL si je ne m’étais pas poser une contrainte: celle d’avoir toujours dans mes prochaines lectures, un livre d’un auteur d’un pays dont je n’ai encore lu aucune œuvre. Je suis très contente que Cassandra ai lancé ce club de lecture car elle m’a donné l’impulsion pour commencer ce petit challenge personnel et grâce à celui ci j’ai déjà pu voyager par les livres au Chili ainsi qu’au Sénégal et aujourd’hui je vous emmène en Afrique du Sud.

Dans Disgrâce nous suivons donc l’histoire de David Lurie, un homme blanc d’une cinquantaine d’années, deux fois divorcés, universitaire au cap, spécialiste du poète britannique Lord Byron et qui souffre un peu de ne pas savoir ranger son pénis quand il le faut (il faut bien dire de ce qu’il retourne au début de cette histoire). Tout se déroule mornement jusqu’à ce qu’une de ses étudiantes l’accuse de harcèlement sexuel (pour moi il s’agit clairement d’un viol même si le narrateur dit le contraire) et qu’il doive démissionner de son poste et s’exiler à la campagne, auprès de sa fille Lucy.

Alors voilà, je suis dans un état un peu schizophrène après ma lecture de Disgrâce. Très clairement il s’agit d’une très grande œuvre. L’écriture est plus que maitrisée, le narrateur n’en dit jamais trop ou pas assez et les sujets abordés sont très bien traités. J. M. Coetzee place son histoire en Afrique du Sud car c’est une terre qu’il connait, où il a grandit mais on sent le poids de l’apartheid tout au long de son récit, comme si ce pays lui était à la fois très familier mais aussi étranger. Il aborde certains problèmes liés au post-apartheid comme la violence, le communautarisme, la solitude, les dysfonctionnement au sein de la justice… Pour autant il n’est pas moralisateur et il n’apporte aucune solution, il rend juste compte d’une impression plutôt pessimiste.

Pour autant j’ai eu donc quelques problèmes avec le positionnement du narrateur, pour moi, même si David Lurie plaide coupable pour les fautes qui lui sont reprochées et qu’il accepte la « disgrâce » dans laquelle il se retrouve plongé par la suite, on ne sait jamais vraiment si il prend conscience de ses actes, même lorsqu’il se voit lui aussi devenir victime. J’oscillai donc entre deux réactions: « c’est incroyable ce que je suis en train de lire » et « non mais quel gros con ce Lurie, j’espère que Coetzee ne cautionne pas son comportement ».

En fin de compte ce fût une excellente lecture et je n’hésiterai pas à lire d’autres ouvrages de John Maxwell Coetzee qui a quand même gagné le prix Nobel de littérature en 2003. En attendant je me dirige vers un autre continent pour ma prochaine lecture.

Disgrâce sur:  BabelioLivraddict  – Goodreads

4 réflexions au sujet de « Disgrâce »

  1. Je comprends ta « schizophrénie » concernant le personnage principal qui est assez antipathique. Disgrâce est un roman puissant qui si je me souviens bien (ma lecture date un peu…) met en parallèle deux viols avec des conséquences très différentes. Dans mes souvenirs c’est surtout la pression de la famille qui pousse la jeune femme à accuser Lurie de viol, on ne peut accepter qu’un prof couche avec son élève. Je ne l’ai pas vraiment vu comme un harceleur, mais il est vrai que l’auteur ne donne aucune certitude. Tandis que la fille du narrateur est ensuite agressée et violée, sa vie bousillée et ce sans que l’on puisse arrêter ses agresseurs. Il y a une certaine ironie du sort qui fait basculer de bourreau à victime et inversement. Peut-être parce que personne n’est blanc comme neige…

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    1. C’est le karma! Oui je suis d’accord avec toi mais je pense que mes quelques expériences dans les milieux féministes m’ont laissé un peu à cran à propos de la culture du viol et de tout ce qui va avec et j’ai toujours tendance à me mettre du côté de la victime surtout lorsque c’est une femme. Et quand même elle lui dit non, que ce n’est pas le moment et il a juste à insister un peu car c’est son professeur donc figure d’autorité. Alors ce n’est absolument pas un problème de voir a dans un livre tant qu’on peut se faire sa propre interprétation et que l’auteur ne prend pas partie pour l’agresseur. Mais c’était une sacré lecture et je ne pense pas que Coetzee ait de la sympathie pour son héro après réflexion.

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